ARTS MAGAZINE
Les portraits vivants de Julien Duquennoy
Adoptant un art du lâcher prise, Julien Duquennoy libère sa palette et imagine des visages pop et troublants dont il décompose les traits comme autant d’expressions et d’éclats de vie.
Chaque soir, à vingt-deux heures, Julien Duquennoy s’empare d’un pinceau, d’un tube d’acrylique, d’un peu d’huile et d’une bombe d’aérosol, et peint des femmes, des hommes, des enfants, des animaux. Bercé par le silence nocturne, il projette des couleurs, éclabousse sa toile, défait la penture encore fraîche, déconstruit, reconstruit et imagine un cocktail explosif « pop-expressionniste ». S’y mêlent les figures bariolées de Françoise Nielly et les chairs torturées de Jenny Saville, Philippe Pasqua ou Francis Bacon. S’y impose un style détonnant qui envoûte autant qu’il dérange. Difficile alors de détourner le regard de ces roses bonbons, de ces verts acidulés, de cette mine agressive ou de ce regard pénétrant. Les portraits de Julien Duquennoy impressionnent au premier coup d’œil, déroutent et, à mesure que l’on s’approche de ce feu d’artifice de couleurs, la douceur des visages s’atténue, tandis que le mystère se déploie…
La peinture à bras le corps
Adolescent, Julien Duquennoy s’emparait déjà du pinceau. Il était alors un moyen de décompresser, d’extérioriser ses craintes et ses peines. « La peinture était pour moi rapide et efficace. Je me défoulais sur le papier et, une fois le travail terminé, j’étais apaisé, vidé et fier. Depuis, je n’ai jamais cessé de peindre ». Sur les pas de son père, lui-même peintre, il entame des études d’architecture où il apprend la rigueur du trait. Au fil des rencontres et par sa persévérance, il se spécialise dans l’architecture d’intérieur et intègre un bureau d’étude chargé de l’équipement de professionnels pour la restauration. « Ma journée de peintre commence à vingt-deux heures, après celle de dessinateur et de jeune papa, et peut se poursuivre jusqu’à deux heures du matin ». Imaginer et construire des décors la journée, pour mieux déconstruire une fois la nuit tombée, tel est le quotidien de cet homme de 38 ans qui ne conçoit pas de passer un jour sans son chevalet. « J’ai besoin de peindre tous les jours, ne serait-ce que cinq minutes. Je suis tellement curieux de découvrir ma prochaine toile que j’ai chaque fois hâte de la réaliser ».
Nécessaire et addictive, la peinture devient une épreuve physique, un art du lâcher prise. « Je pars d’une peinture figurative que je détruis jusqu’à l’abstraction, pour mieux la reconstruire ensuite ». Les visages lisses aux beautés froides qu’il imagine d’abord à partir de photographies, retravaillées sur Photoshop, sont malmenés, déconstruits, éclaboussés. Il les frotte, les passe sous la douche, les baigne dans la rivière, avant de les asperger des couleurs les plus flashy. Ainsi maculées, ses figures détonantes interpellent, troublent. « J’aime que ça flashe, que ça percute, que ça claque. Je veux rendre mes peintures vivantes, qu’elles ne laissent pas indifférent, qu’elles suscitent une émotion ».
Le miroir de la vie
Lorsque Julien Duquennoy gratte ses toiles, il espère ôter le fard, se débarrasser des apparences qui l’éloignent de ses modèles. « Je délave, je laisse couler, je recouvre, pour ensuite gratter et retrouver les couches inférieures ». Loin de s’abandonner à l’abstraction, il décompose et dissèque les formes, avant de renouer finalement avec la figure. Une fois maltraités, ses visages s’expriment à vif, évoquent tour à tour la douleur, la peur, l’agressivité, la solitude ou le songe. « Regarder un visage revient à imaginer ce qui se passe dans la tête, à entrer dans son intimité ». Les accidents, l’usure montrent alors les imperfections du modèle, ses émotions. « Ces étapes me permettent de les rendre vivants, qu’ils aient quelque chose à donner. Je cherche à montrer leur mouvement intérieur ».
La toile définitive porte en elle ces stigmates, ce jeu de superpositions et de soustractions incessant de la matière. Elle garde en mémoire ce laborieux cheminement qu’elle raconte à mesure qu’on la scrute et que ses secrets se révèlent. Pour Julien Duquennoy, « les œuvres ont un passé qu’il nous revient d’interpréter ». Au fil de la création, ses portraits se montrent sous un jour nouveau comme si le temps s’en était mêlé. « Ma peinture est une métaphore de la vie. Si l’on regarde de près, c’est violent, brouillon. On comprend que les affres du temps ont fait leur travail. Mais lorsque l’on prend du recul, c’est beau, doux ». Si les œuvres ont un passé, elles ont également un avenir, dont le temps seul nous dira la teneur. Difficile alors de ne pas songer au Portrait de Dorian Gray. Et si ces femmes devaient être abandonnées à leur sort, se soumettre aux vicissitudes du temps, à la manière du triste héros d’Oscar Wilde pour lequel la déchéance se lit autant dans la vie que sur la toile ? Car pour Julien Duquennoy, l’art est un miroir dont le reflet n’est autre que le nôtre, et il est infiniment interprétable.
Diane Zorzi
Adoptant un art du lâcher prise, Julien Duquennoy libère sa palette et imagine des visages pop et troublants dont il décompose les traits comme autant d’expressions et d’éclats de vie.
Chaque soir, à vingt-deux heures, Julien Duquennoy s’empare d’un pinceau, d’un tube d’acrylique, d’un peu d’huile et d’une bombe d’aérosol, et peint des femmes, des hommes, des enfants, des animaux. Bercé par le silence nocturne, il projette des couleurs, éclabousse sa toile, défait la penture encore fraîche, déconstruit, reconstruit et imagine un cocktail explosif « pop-expressionniste ». S’y mêlent les figures bariolées de Françoise Nielly et les chairs torturées de Jenny Saville, Philippe Pasqua ou Francis Bacon. S’y impose un style détonnant qui envoûte autant qu’il dérange. Difficile alors de détourner le regard de ces roses bonbons, de ces verts acidulés, de cette mine agressive ou de ce regard pénétrant. Les portraits de Julien Duquennoy impressionnent au premier coup d’œil, déroutent et, à mesure que l’on s’approche de ce feu d’artifice de couleurs, la douceur des visages s’atténue, tandis que le mystère se déploie…
La peinture à bras le corps
Adolescent, Julien Duquennoy s’emparait déjà du pinceau. Il était alors un moyen de décompresser, d’extérioriser ses craintes et ses peines. « La peinture était pour moi rapide et efficace. Je me défoulais sur le papier et, une fois le travail terminé, j’étais apaisé, vidé et fier. Depuis, je n’ai jamais cessé de peindre ». Sur les pas de son père, lui-même peintre, il entame des études d’architecture où il apprend la rigueur du trait. Au fil des rencontres et par sa persévérance, il se spécialise dans l’architecture d’intérieur et intègre un bureau d’étude chargé de l’équipement de professionnels pour la restauration. « Ma journée de peintre commence à vingt-deux heures, après celle de dessinateur et de jeune papa, et peut se poursuivre jusqu’à deux heures du matin ». Imaginer et construire des décors la journée, pour mieux déconstruire une fois la nuit tombée, tel est le quotidien de cet homme de 38 ans qui ne conçoit pas de passer un jour sans son chevalet. « J’ai besoin de peindre tous les jours, ne serait-ce que cinq minutes. Je suis tellement curieux de découvrir ma prochaine toile que j’ai chaque fois hâte de la réaliser ».
Nécessaire et addictive, la peinture devient une épreuve physique, un art du lâcher prise. « Je pars d’une peinture figurative que je détruis jusqu’à l’abstraction, pour mieux la reconstruire ensuite ». Les visages lisses aux beautés froides qu’il imagine d’abord à partir de photographies, retravaillées sur Photoshop, sont malmenés, déconstruits, éclaboussés. Il les frotte, les passe sous la douche, les baigne dans la rivière, avant de les asperger des couleurs les plus flashy. Ainsi maculées, ses figures détonantes interpellent, troublent. « J’aime que ça flashe, que ça percute, que ça claque. Je veux rendre mes peintures vivantes, qu’elles ne laissent pas indifférent, qu’elles suscitent une émotion ».
Le miroir de la vie
Lorsque Julien Duquennoy gratte ses toiles, il espère ôter le fard, se débarrasser des apparences qui l’éloignent de ses modèles. « Je délave, je laisse couler, je recouvre, pour ensuite gratter et retrouver les couches inférieures ». Loin de s’abandonner à l’abstraction, il décompose et dissèque les formes, avant de renouer finalement avec la figure. Une fois maltraités, ses visages s’expriment à vif, évoquent tour à tour la douleur, la peur, l’agressivité, la solitude ou le songe. « Regarder un visage revient à imaginer ce qui se passe dans la tête, à entrer dans son intimité ». Les accidents, l’usure montrent alors les imperfections du modèle, ses émotions. « Ces étapes me permettent de les rendre vivants, qu’ils aient quelque chose à donner. Je cherche à montrer leur mouvement intérieur ».
La toile définitive porte en elle ces stigmates, ce jeu de superpositions et de soustractions incessant de la matière. Elle garde en mémoire ce laborieux cheminement qu’elle raconte à mesure qu’on la scrute et que ses secrets se révèlent. Pour Julien Duquennoy, « les œuvres ont un passé qu’il nous revient d’interpréter ». Au fil de la création, ses portraits se montrent sous un jour nouveau comme si le temps s’en était mêlé. « Ma peinture est une métaphore de la vie. Si l’on regarde de près, c’est violent, brouillon. On comprend que les affres du temps ont fait leur travail. Mais lorsque l’on prend du recul, c’est beau, doux ». Si les œuvres ont un passé, elles ont également un avenir, dont le temps seul nous dira la teneur. Difficile alors de ne pas songer au Portrait de Dorian Gray. Et si ces femmes devaient être abandonnées à leur sort, se soumettre aux vicissitudes du temps, à la manière du triste héros d’Oscar Wilde pour lequel la déchéance se lit autant dans la vie que sur la toile ? Car pour Julien Duquennoy, l’art est un miroir dont le reflet n’est autre que le nôtre, et il est infiniment interprétable.
Diane Zorzi
朱立安-杜克诺的肖像作品
创作大胆,艺术家朱立安-杜克诺的肖像作品不仅动人而且五彩缤纷极受欢迎。他将作品的结构分解以便更好的突出其要表达的情感。
深夜22点后是朱立安-杜克诺的创作时间。他用画笔,丙烯,油彩和喷漆来绘制以人物及动物为主题的画作。在夜深人静的时刻,他挥动着手中的画笔将色彩飞溅韵染到画布上,并运用色彩的折叠及重新组合形式使他的作品变得更加清晰生动充满生命力。他的作品是波普艺术与表现主义的结合体,混合了Françoise Nielly,JennySaville,Philippe Pasqua与Francis Bacon的绘画风格。那绚丽的粉色,酸翠的绿色,倔傲的面容,深邃的眼神都紧紧的吸引着我们的注意。朱立安-杜克诺肖像作品让人一见倾心,印象深刻。随着我们目光靠近这些烟花般的绚丽色彩,画中的形象逐渐变得柔和,它神秘面纱也慢慢地向我们展开…
拥抱艺术
朱立安-杜克诺于年少时就开始绘画创作。对他来说,绘画是一种发泄痛苦和恐惧的解压方法。«绘画对我来说是高效快速的,我可以把情绪发泄到纸上。在作品完成后,我会感到平静,疲劳还有骄傲。从那时起,我从未停止艺术创作»。受到画家父亲的影响,他从事的专业是建筑设计。通过这个行业他学会了技术的严谨和用线条去表现体积的方法。随着他不懈的努力,他成为了一名出色的室内设计师并加入了专业的建筑修复团队。«作为一名画家,我的艺术创作是从晚上22点开始,一般于零晨2点左右结束。在这之前我是一名制图员和一个年轻的爸爸»。白天构思主题,夜晚进行绘画是这位38岁男人的日常生活,而且他从未停止过艺术创作!«我每天都需要绘画,即便有时只有五分钟的时间进行创作。每次我都特别期待我作品的完成»。
绘画对他来说是一种必须,是一种体能的挑战,也是一种放纵的艺术。«在创作中,我将一个具体的形象分解并抽象化,这样才能更好的去重新构建我的作品»。这些出自想象的冷艳颜容最先来自于照片,再用photoshop重新给它解构混合。他将作品进行摩擦,淋湿或浸泡于水中,然后再喷洒出华丽的色彩。由此而出的美丽斑点,就好似爆炸的烟花一般让人眼花缭乱。«我喜欢在我作品中让颜色闪烁,碰撞,爆炸。我希望我的作品充满生命力,不呆板,以便可以激起你的情绪与你产生共鸣»。
影映生活
当朱立安-杜克诺创作时,他对作品进行反复刮擦,以摆脱模特外形的限制。«我把画浸湿,让色彩流淌,然后再覆盖它们,再刮擦以便更好的呈现内部的色彩»。不完全沉浸于抽象,他将形态的构造进行分解以便于重新建立与主体的联系。经过这些技术上的处理,他的肖像画体现出强烈的痛苦,恐惧,侵略,孤独和梦幻。«注视着一个肖像就相当于猜测他的想法,走入他的心灵深处»。这些偶发的对作品的刮擦和磨损展现了模特的不完美之处以及她们的情感。« 这些工序使我的画作更加生动,给人启发。我想向人展示模特们的内心世界»。
画作的成品展示了斑驳的渲染,叠加的手法及精减素材等特点。也记录了他艰难的探索旅程,显示出它的秘密。对于朱立安-杜克诺来说«这些作品都向我们展示了他们的过往»。在创作过程中,他的肖像画以新的视角重新体现,就仿佛它与时间融合。«我的绘画是对生活的一种隐喻,当你仔细观察时会感觉它很强烈,无序,就像是时间带给我们的摧残与印记。但当我们后退一步去看时,却发现它很美好»。如果作品有它们的过往,那它们也一定会有未来,但这只有时间能够告诉我们。这很难不让我们想到小说«安格雷的肖像»,如果这些女人被抛弃,臣服时间给予她们的命运,就像奥斯卡-王尔德的悲剧主人公,他们的颓废可以在生活中和画作中同时被观者解读。对朱立安-杜克诺于来说艺术就是一面镜子,反射出的是我们自己,是可以无尽解读的故事。
戴阿娜-左兹
创作大胆,艺术家朱立安-杜克诺的肖像作品不仅动人而且五彩缤纷极受欢迎。他将作品的结构分解以便更好的突出其要表达的情感。
深夜22点后是朱立安-杜克诺的创作时间。他用画笔,丙烯,油彩和喷漆来绘制以人物及动物为主题的画作。在夜深人静的时刻,他挥动着手中的画笔将色彩飞溅韵染到画布上,并运用色彩的折叠及重新组合形式使他的作品变得更加清晰生动充满生命力。他的作品是波普艺术与表现主义的结合体,混合了Françoise Nielly,JennySaville,Philippe Pasqua与Francis Bacon的绘画风格。那绚丽的粉色,酸翠的绿色,倔傲的面容,深邃的眼神都紧紧的吸引着我们的注意。朱立安-杜克诺肖像作品让人一见倾心,印象深刻。随着我们目光靠近这些烟花般的绚丽色彩,画中的形象逐渐变得柔和,它神秘面纱也慢慢地向我们展开…
拥抱艺术
朱立安-杜克诺于年少时就开始绘画创作。对他来说,绘画是一种发泄痛苦和恐惧的解压方法。«绘画对我来说是高效快速的,我可以把情绪发泄到纸上。在作品完成后,我会感到平静,疲劳还有骄傲。从那时起,我从未停止艺术创作»。受到画家父亲的影响,他从事的专业是建筑设计。通过这个行业他学会了技术的严谨和用线条去表现体积的方法。随着他不懈的努力,他成为了一名出色的室内设计师并加入了专业的建筑修复团队。«作为一名画家,我的艺术创作是从晚上22点开始,一般于零晨2点左右结束。在这之前我是一名制图员和一个年轻的爸爸»。白天构思主题,夜晚进行绘画是这位38岁男人的日常生活,而且他从未停止过艺术创作!«我每天都需要绘画,即便有时只有五分钟的时间进行创作。每次我都特别期待我作品的完成»。
绘画对他来说是一种必须,是一种体能的挑战,也是一种放纵的艺术。«在创作中,我将一个具体的形象分解并抽象化,这样才能更好的去重新构建我的作品»。这些出自想象的冷艳颜容最先来自于照片,再用photoshop重新给它解构混合。他将作品进行摩擦,淋湿或浸泡于水中,然后再喷洒出华丽的色彩。由此而出的美丽斑点,就好似爆炸的烟花一般让人眼花缭乱。«我喜欢在我作品中让颜色闪烁,碰撞,爆炸。我希望我的作品充满生命力,不呆板,以便可以激起你的情绪与你产生共鸣»。
影映生活
当朱立安-杜克诺创作时,他对作品进行反复刮擦,以摆脱模特外形的限制。«我把画浸湿,让色彩流淌,然后再覆盖它们,再刮擦以便更好的呈现内部的色彩»。不完全沉浸于抽象,他将形态的构造进行分解以便于重新建立与主体的联系。经过这些技术上的处理,他的肖像画体现出强烈的痛苦,恐惧,侵略,孤独和梦幻。«注视着一个肖像就相当于猜测他的想法,走入他的心灵深处»。这些偶发的对作品的刮擦和磨损展现了模特的不完美之处以及她们的情感。« 这些工序使我的画作更加生动,给人启发。我想向人展示模特们的内心世界»。
画作的成品展示了斑驳的渲染,叠加的手法及精减素材等特点。也记录了他艰难的探索旅程,显示出它的秘密。对于朱立安-杜克诺来说«这些作品都向我们展示了他们的过往»。在创作过程中,他的肖像画以新的视角重新体现,就仿佛它与时间融合。«我的绘画是对生活的一种隐喻,当你仔细观察时会感觉它很强烈,无序,就像是时间带给我们的摧残与印记。但当我们后退一步去看时,却发现它很美好»。如果作品有它们的过往,那它们也一定会有未来,但这只有时间能够告诉我们。这很难不让我们想到小说«安格雷的肖像»,如果这些女人被抛弃,臣服时间给予她们的命运,就像奥斯卡-王尔德的悲剧主人公,他们的颓废可以在生活中和画作中同时被观者解读。对朱立安-杜克诺于来说艺术就是一面镜子,反射出的是我们自己,是可以无尽解读的故事。
戴阿娜-左兹